Le 6 février 1980, le procès de John Wayne Gacy commença devant le tribunal du comté de Cook, à Chicago. Dans sa
plaidoirie d’ouverture, le procureur Robert Egan expliqua aux jurés que Gacy avait assassiné 33 jeunes hommes en
quelques années. L’enquête avait permis de déterminer que les actions de Gacy étaient préméditées et rationnelles.
L’un des avocats de Gacy, Robert Motta, affirma quant à lui que les actes de Gacy avaient été irrationnels et impulsifs : Gacy
était mentalement aliéné et ne pouvait contrôler ses actes.
Si Gacy était déclaré « fou », il pouvait échapper à la peine de mort et être libéré quelques années plus tard. Dans l’Illinois, il
n’existe aucune limite à l’incarcération d’une personne déclarée aliénée et, dans de nombreux cas, elle est libérée lorsqu’il
est décidé qu’elle était mentalement assez stable pour « revenir dans la société ». Mais la folie est très difficile à prouver au
tribunal...
Gacy s’indigna de voir que ses propres avocats étaient incapables d’inventer une histoire qui put le faire acquitter. Comme
les examens psychiatriques l’avaient révélé, Gacy n’éprouvait aucun remords vis-à-vis de ses crimes. Pour chacun d’eux, il
avait toujours une bonne excuse pour se justifier.
L’accusation demanda aux familles et aux amis des victimes de témoigner à la barre. Certains des témoins fondirent en larmes devant Gacy. L’air irrité, il les regardait en ricanant, convaincu que tout cela n’était qu’une comédie. Ensuite vinrent
les témoignages des garçons qui avaient travaillé avec Gacy, avaient été violés, mais avaient survécu. Ils parlèrent de son
caractère changeant et de la manière dont il les avait presque tous persuadés de se laisser menotter. D’autres expliquèrent
qu’il passait constamment les voir lorsqu’ils travaillaient, pour leur parler ou les surveiller.
Durant les semaines qui suivirent, les amis et les voisins de Gacy furent également appelés à témoigner, ainsi que des
policiers impliqués dans l’enquête et des psychologues qui assuraient que Gacy était soit sain d’esprit, soit mentalement
aliéné.
Les deux adolescents qui avaient vécu chez Gacy, David Cram et Michael Rossi, expliquèrent comment, sur les instructions
de Gacy, ils avaient creusé dans le vide sanitaire - avec Gregory Godzik - des « tranchées » qui devaient soi-disant servir à
faire passer des tuyaux.
L’un des policiers qui avaient interrogé Gacy raconta comment le tueur lui avait assuré que l’une de ses victimes était un
masochiste et quand l’étranglant, il lui avait fait « une faveur ». Gacy avait également fait la démonstration de la manière
dont il avait tué la plupart des adolescents, avec un garrot, alors qu’il avait expliqué qu’au moment où il tuait, c’était Jack qui
agissait et qu’il ne se souvenait de rien !
Le 24 février, la défense appela - à la surprise générale - Jeffrey Ringall. Tout le monde pensait que Ringall témoignerait
plutôt pour l’accusation, mais le procureur pensait que son témoignage serait plus utile durant un contre-interrogatoire.
L’autre avocat de Gacy, M. Amirante, demanda à Ringall s’il pensait que Gacy était capable de se contrôler. Ringall pensait
que Gacy était un animal sauvage et qu’il ne pouvait pas dominer ses pulsions. Son témoignage ne dura pas bien longtemps,
car Jeffrey Ringall s’effondra lorsqu’il raconta à la cour ce que Gacy lui avait fait subir. Il était tellement traumatisé, face à
son violeur, qu’il commença à vomir et fondit en larmes. Gacy ne montra pas la moindre émotion lorsqu’on dut soutenir
Ringall pour l’aider à sortir du tribunal.
Pour prouver la folie de Gacy, Amirante et Motta appelèrent à la barre les amis et la famille de l’accusé. Sa mère expliqua
que le père de Gacy l’avait maltraité à plusieurs occasions. Un jour, alors qu’il n’était qu’un petit garçon, son père l’avait
fouetté avec une courroie en cuir. La soeur de Gacy raconta que leur père passait son temps à insulter et rabaisser son frère.
Les amis témoignèrent du fait que Gacy était un homme bon et généreux, qui aidait les gens dans le besoin et souriait
toujours. Lillie Grexa assura qu’il était un voisin merveilleux. Toutefois, elle refusa d’admettre que Gacy était fou, affirmant
au contraire que Gacy était « un homme très brillant ». Cette affirmation entrait en conflit avec l’opinion de la défense selon
laquelle Gacy était fou et ne pouvait contrôler ses actes.
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