Les enquêteurs surveillèrent Gacy de manière étroite. Au départ, il voulut défier les policiers, en assurant à ceux qui le
suivaient que leurs supérieurs étaient des idiots et en les invitant à déjeuner. Il leur indiquait où il se rendait lorsqu’il
prenait sa voiture et accrocha les décorations de Noël sur sa maison comme à son habitude. Il invita même les policiers au
restaurant et leur affirma « Vous savez, les clowns peuvent s’en tirer avec des meurtres ».
Mais, à mesure que les jours passaient, Gacy commença à perdre son sang-froid. Il se mit à boire énormément, cessa de se
raser, et hurla sur ses employés. Il embaucha deux avocats et porta plainte contre la police de Chicago pour harcèlement.
Une semaine après la disparition de Robert Piest, Gacy était à bout de nerfs. Mal rasé, insomniaque, il épiait les deux
policiers qui le suivaient constamment. Et, un jour, il les invita à boire un café chez lui. Peut-être voulait-il encore jouer
« au plus fort », les amadouer, les interroger pour en savoir où en était l’enquête, ou les persuader de son innocence...
Mal lui en prit, car l’un des policiers, l’agent Schulz, était un homme d’expérience qui reconnut immédiatement l’odeur
nauséabonde qui imprégnait l’atmosphère chauffée du petit pavillon de Gacy : une odeur de cadavre. Lorsque ces collègues
avaient perquisitionné une semaine auparavant, il faisait froid et l’odeur ne les avait pas frappés.
Schulz en fit part à l’inspecteur Kozenczak.
Celui-ci venait d’apprendre que l’anneau aux initiales J.A.S. découvert chez Gacy appartenait à John Szyc.
Trois anciens employés de Gacy avaient mystérieusement disparu après avoir eu rendez-vous avec lui.
La télévision de Gacy - les policiers avaient vérifié le numéro de série - appartenait à également à John Szyc.
Dans le coffre de l’Oldsmobile avaient été découverts des cheveux et, d’après les analyses, il semblait bien qu’ils
appartenaient Robert Piest.
Gacy pouvait avoir fait plus qu’une seule victime.
Le 21 décembre, Kozenczak décida d’arrêter Gacy pour possession de marijuana et de
Valium : alors que les policiers le suivaient comme à leur habitude, il avait été surpris
alors qu’il fournissait de la marijuana à un pompiste dans un garage.
Les voisins de Gacy furent abasourdis en apprenant la nouvelle. Seul l’un des amis de
Gacy se doutait qu’il était soupçonné d’un délit bien plus grave que la détention de
marijuana. La veille, presque hystérique, Gacy avait avoué à Donald Czarna qu’il avait
bien tué un adolescent. Gacy avait ensuite admis à son ami qu’il avait tué une trentaine
de garçons, parce qu’ils étaient « mauvais » et qu’ils tentaient de le faire chanter. Puis, il
s’était mis à pleurer à gros sanglots.
Les policiers ramenèrent Gacy chez lui et lui annoncèrent qu’ils allaient tout fouiller
jusqu’à ce qu’ils trouvent un cadavre, sous le plancher s’il le fallait. Gacy s’effondra et
avoua avoir enterré un homme, « un ancien amant », sous le sol de son garage. Il ajouta
toutefois qu’il l’avait tué en état de légitime défense.
Les policiers ne le crurent pas. Ils commencèrent à enlever le tapis maculé d’une tache,
dans le salon, et remarquèrent une trappe au fond d’un placard. Ils l’ouvrirent et
découvrirent, dans le vide sanitaire, une marre d’eau sombre à l’odeur répugnante, qu’ils prirent d’abord pour des relents
d’égouts.
L’un des policiers discerna une fiche électrique et la brancha dans une prise
murale toute proche. Une pompe électrique se mit en marche dans le sous-sol.
Un quart d’heure plus tard, la marre avait disparu et un technicien des services
de police descendit dans le vide sanitaire rempli de boue. L’odeur de
putréfaction y était écoeurante. Il plongea une pelle dans la boue et, en voyant
des asticots bouger à la surface, il comprit que la substance graisseuse n’était
pas de la terre humide mais de l’adipocire, une matière produite par la
décomposition de la chair.
Le technicien fouilla un petit moment et découvrit
rapidement l’os d’un bras humain, puis celui d’un pied. L’adipocire ne se forme
que 12 mois après le décès : ce cadavre ne pouvait pas être celui de Robert Piest.
En état de choc, le technicien des services de police lâcha : « Je crois que cet
endroit est rempli de gamins ».
Les voisins et les curieux commencèrent à s’agglutiner devant le domicile de Gacy. Tout le monde le considérait comme un
homme sympathique et sans problème. Il avait neigé quelques jours plus tôt et il s’était proposé pour déblayer les allées de
ses voisins les plus âgés. Il buvait rarement, ne consommait aucune drogue et détestait les homosexuels...
Les enquêteurs, eux, avaient commencé à creuser dans le vide sanitaire et réalisaient que Gacy était l’un des pires tueurs en
série de l’histoire américaine.
Le Docteur Robert Stein, médecin légiste du comté de Cook, fut appelé pour aider les enquêteurs. Il leur demanda de revêtir
des combinaisons et des masques, et de prendre des bains désinfectants après leur travail. Il organisa les fouilles en
délimitant les parcelles des terres par section, comme un site archéologique. Il savait que l’excavation d’un corps décomposé
doit être menée avec de grandes précautions afin d’en préserver l’intégrité. Durant les jours et les nuits qui suivirent, les
enquêteurs creusèrent sans s’arrêter.
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