Cela pouvait-il être aussi simple, après tous ces efforts exténuants et stériles ?
Quatre ans auparavant, John Wayne Gacy avait été arrêté à cause d'une erreur similaire : il avait été vu discutant avec la dernière de ses 33 victimes peu avant qu'elle ne disparaisse. En fait, les affaires de meurtres en série sont souvent résolues de cette manière, lorsque le tueur baisse sa garde et commet une erreur stupide.
Le Sergent Bruce White et le Détective Steven Smith retournèrent interroger Downs.
Ils n'avaient aucune preuve contre lui mais quelque chose dans son comportement suggérait qu'il avait quelque chose à se reprocher. Downs accepta de suivre les deux enquêteurs au quartier général de la police. Il leur expliqua qu'il voulait les aider à trouver Graeme. Mais à son arrivé, un policier expérimenté de la criminelle, Don Bell, l'attendait.
Lentement mais sûrement, il détruisit les mensonges de Roger Downs, qui lui avoua rapidement sa véritable identité. Avant la tombée de la nuit, Arthur Bishop avait avoué les cinq enlèvements et meurtres. Bell et Bishop passèrent une bonne partie de la nuit ensemble, enregistrant et écrivant tout en détail.
Le lendemain matin, Bishop conduisit la police jusqu'aux tombes où il avait enterré ses victimes, trois à Cedar Grove et deux à Big Cottonwood Creek.
Certains corps avaient été mutilés.
Après l'annonce de l'arrestation d'Arthur Bishop, la police fut assaillie d'appels de parents qui accusaient Bishop d'avoir agressé leur enfant ou l'enfant d'un ami. Personne n'avait pris cette initiative lorsque Bishop était en liberté et les autorités furent abasourdies par ce long silence. Le Capitaine Jon Pollei expliqua au Salt Lake Tribune : "Ce que j'aimerais savoir, c'est où étaient tous ces gens qui nous appellent, il y a deux ou trois ans, lorsque nous n'avions aucune piste !".
La dernière habitation de Bishop fut fouillée et la police découvrit des objets qui étayaient ses aveux. Les enquêteurs trouvèrent un revolver de calibre 38, un maillet et un marteau couvert de taches de sang, ainsi que des dizaines de photos de garçons nus.
Plusieurs de ces photos avaient été cadrées pour que l'on ne voit pas les visages, rendant l'identification des enfants impossible, mais elles offraient le témoignage muet de la longue carrière criminelle de Bishop. Un livre, "100 façons de disparaître et de vivre libre" indiquait aux enquêteurs que Bishop avait étudié son rôle de fugitif éventuel.
Arthur Bishop fut inculpé de cinq meurtres au 1er degré, de cinq enlèvements, de deux agressions sexuelles et d'abus sexuel sur mineur. Cette dernière accusation ne s'appliquait qu'à sa toute dernière victime, Graeme Cunnigham, car les preuves du viol étaient encore visibles sur son corps, contrairement aux quatre autres garçons, enterrés depuis plus longtemps.
De toutes façons, les accusations de meurtres étaient les plus importantes. Si l'état pouvait prouver que Bishop avait tué les cinq enfants, il serait condamné à mort.
Le procureur du Comté, Robert Scott, décrivit Bishop dans une interview au Salt Lake Tribune, comme un tueur sans pitié et un pervers sexuel possédant "un esprit calculateur, rusé et insidieux".
Pourtant, Bishop, lors de ses aveux aux policiers, avait donné l'impression que ses crimes étaient terriblement simples. Comme le Détective Bell le raconta par la suite, Bishop lui avait dit : "vous pouvez offrir ce que vous voulez à un enfant et il va venir avec vous".
Il semble que cette leçon ait également servit au jeune frère de Bishop, Douglas : Arthur Bishop attendait toujours son jugement lorsqu'il apprit que Douglas avait été arrêté pour abus sexuel sur des jeunes garçons à Provo, au sud de Salt Lake City. Ces crimes étaient apparemment sans liens avec ceux d'Arthur Bishop, et rien ne suggérait que les deux frères aient jamais partagé des victimes, mais la nouvelle provoqua des spéculations concernant leur passé, leurs parents, leur éducation et la source de leurs désirs criminels.
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