Cléa, de Clamart à la Réunion via Madagascar.
L'idée de partir vivre ailleurs m'est venue la quarantaine passée. Mes enfants avaient quitté la maison pour vivre leur vie. Leur père était parti bien avant...
Donc me voilà seule avec la perspective de continuer ma petite vie tranquille entre mon appartement et l'hôpital où j'étais infirmière. Comme tout le monde, du moins je l'imagine, je rêvais parfois devant des documentaires de voyage aux lagons turquoise bordés de cocotiers.
Un jour je m'inquiétais de l'air triste d'un malade, nous on dit malade les docteurs disent patient. Il était là pour un traitement assez long. Il m'expliqua qu'il se languissait de son île et ce qui le rendait malheureux était la couleur du ciel gris qu'il revoyait tous les matins. Comment faites-vous pour rester ici des années entières, qu'est ce qui vous retient, me demanda-t-il.
J'ai regardé par la fenêtre le ciel bas et menaçant, les barres d'immeubles géométriques, la route principale bondée de voitures. Ca m'a fait un choc. Le lendemain, étant de repos, j'ai fait l'inventaire de tout qui était chez moi, y compris la cave.
La plupart des choses ne servaient à rien, si ce n'est une fois tous les deux ans pour quelques ustensiles. Près de la moitié des objets étaient à mes deux fils ou à mon mari parti depuis cinq ans, qu'il avait "omis" de récupérer.
Pour m'amuser, j'ai réuni toutes les affaires dont je me servais régulièrement ou qui me tenaient à coeur. Ca tenait dans deux valises hormis les livres !!! J'étais effarée. J'ai repensé à "mon" malade de la Réunion qui n'avait qu'un sac de voyage rempli de quelques vêtements et des photos de sa case d'une sobriété extrême, qu'il m'avait montrées en soupirant.
Le choix était simple : continuer vingt ans à travailler dans cet hôpital en attendant la retraite dans cette grisaille permanente, ou tenter "l'aventure" en essayant de partir au soleil. Le plus long est de prendre sa décision. Hésiter, peser le pour et le contre, oser ou non, c'est fatigant à force. Je me suis dit que je n'avais qu'une vie et qu'il serait trop idiot de finir sans avoir vu au moins un autre horizon.Une fois mon choix arrêté, ça a été très vite.
Lire la suite.