Une piste plus sérieuse se présente le 17 avril 1972, quatre mois après les faits, avec un détournement similaire opéré par un certain Richard McCoy, Jr. Lui aussi prend en otage un B727, réclame quatre parachutes et une rançon (50 000 dollars) avant de sauter dans le vide. Est-ce un imitateur ? Est-ce Cooper ? Il est vite arrêté, clame son innocence, est condamné à 45 ans de prison, s'évade et est tué lors de sa capture. Un agent du FBI gagnera ultérieurement beaucoup d'argent en publiant un livre affirmant que les deux hommes, McCoy et Cooper, n'en sont qu'un.
Mais un autre agent affirme que, le lendemain du détournement de Cooper, McCoy fêtait la Thanksgiving avec sa famille. Florence Rey passe un coup de fil au FBI pour jurer ne pas connaître le pirate de l'air
En 1978, au nord de la zone supposée de l'atterrissage de Cooper, un promeneur trouve une fiche plastifiée expliquant comment déployer l'escalier arrière d'un Boeing 727. Puis, le 10 octobre 1980, un môme de huit ans en train de pique-niquer avec ses parents sort du fleuve Columbia un paquet de 294 billets de 20 dollars maintenus par des bandes plastiques. Ils sont rongés par l'eau. Mais les numéros correspondent. Il s'agit bien d'une partie de la rançon remise à Cooper neuf ans plus tôt. Comment ces billets sont-ils arrivés là et depuis quand ? Mystère.
Mais cette trouvaille renforce le FBI dans l'idée que le pirate de l'air est mort, car il n'aurait pas abandonné une partie de son argent derrière lui. En juillet 2000, une veuve installée en Floride révèle à un journaliste que son défunt mari, Duan L. Weber, lui a avoué sur son lit de mort, cinq ans auparavant, être Cooper. À l'époque, elle se met en rapport avec l'enquêteur principal du FBI alors à la retraite. Elle fournit de nombreux détails sur la vie de son époux pouvant coller avec les faits, mais, finalement, le FBI referme le dossier faute de preuves concluantes.
En 2007, un nouveau livre publié affirme que Cooper serait un certain Kenneth Christiansen, mort en 1994, ancien para de l'US Army et employé de la Northwest Airlines. Qui plus est, il avait habité dans l'État de Washington et connaissait donc parfaitement la zone du parachutage. Il aurait eu pour complice un de ses collègues nommé Watson. Les auteurs fournissent de nombreux éléments à charge : une photo de Christiansen prise à l'époque du détournement le montrant habillé comme le pirate de l'air. Watson aurait acheté un camping-car juste avant le détournement pour le revendre juste après.
Surtout, Watson s'obstine à nier bien connaître Christiansen, alors qu'il a été son garçon d'honneur lors de son mariage. Il y a aussi la soudaine générosité de Christiansen après les événements... Mais le FBI n'y croit pas, car la description du bonhomme ne correspond pas au portrait-robot établi par l'équipage.
Aujourd'hui encore, 42 ans après la prise d'otage du vol Portland-Chicago, personne ne peut affirmer avec certitude qui était Dan Cooper. Est-il mort lors de son saut ? Bronze-t-il toujours dans les Caraïbes en compagnie des époux Balkany sous une identité d'emprunt ? À chacun de fantasmer.
En tout cas, c'est grâce à lui qu'avant d'embarquer nous devons tous faire de longues queues devant le détecteur de métaux pour y passer nos frusques et nos sacs. Merci, monsieur Cooper...
Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos
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