Le mercredi 24 novembre 1971 connaît la plus audacieuse prise d'otage d'un avion de tous les temps. Non seulement la trentaine de passagers du Boeing 727 ne s'aperçoit de rien, mais le pirate de l'air saute en parachute de l'avion avec la rançon de 200 000 dollars, avant de disparaître à tout jamais. "Ça ne vaut tout de même pas ma prise d'otage de l'UMP", maugrée Jean-François Copé...
Bref, dans l'aérogare de l'aéroport de Portland, dans l'Oregon, les passagers du vol 305 à destination de Seattle se dirigent vers la porte d'embarquement. Personne ne fait attention à celui qui a déclaré s'appeler Dan Cooper. Il porte une quarantaine élégante, mesure environ 1,80 m. Son regard est caché par des lunettes teintées. Il est revêtu d'un imperméable noir, de mocassins et d'un costume sombre. Il tient à la main un gros attaché-case. À l'époque, les compagnies aériennes ne fouillent pas leurs passagers.
L'homme s'assoit à l'arrière de la cabine, sur le siège 18 C. Dans son dos, la jeune hôtesse de l'air Florence Schaffner s'installe sur le strapontin destiné au personnel durant le décollage.
Sitôt l'avion en l'air, Cooper se penche vers l'hôtesse pour lui glisser un morceau de papier. "Encore Nicolas Bedos qui me refile son numéro de téléphone", pense-t-elle en le glissant dans une poche sans même y jeter un coup d'oeil. Le passager se penche alors vers elle en lui murmurant : "Mademoiselle, vous feriez mieux de jeter un oeil à ce mot. J'ai une bombe avec moi." L'hôtesse regarde son interlocuteur pour vérifier s'il ne plaisante pas. Elle doute quelques secondes car il a la tête de Ayrault annonçant une réforme de la fiscalité française.
Mais sur le morceau de papier, elle lit avec stupéfaction : "J'ai une bombe dans ma mallette. Je l'utiliserai si c'est nécessaire. Je veux que vous veniez vous asseoir près de moi. C'est un détournement." Elle lève les yeux sur l'homme, qui paraît toujours aussi sérieux. La suite de sa lecture lui apprend qu'il réclame 200 000 dollars en billets non marqués et deux jeux de parachutes. Chacun doit être composé d'un parachute principal et d'un autre de secours. Tout cela devra lui être remis à l'aéroport de Seattle.
Une bombe à bord
L'hôtesse se précipite les jambes molles dans la cabine de pilotage pour informer le commandant William Scott. Lequel avertit la tour de contrôle de la présence des tontons flingueurs à bord.
L'alerte est transmise à la police et au FBI. Ce dernier prévient le président de la compagnie aérienne, la Northwest Airlines, Donald Nyrop, qui ordonne de coopérer avec le pirate après avoir vérifié qu'il possède effectivement une bombe. L'hôtesse de l'air retourne voir Cooper, qui se fait un plaisir d'entrouvrir son bagage qui laisse apparaître deux cylindres rouges, une batterie et des fils électriques. Cette bombe a l'air bien réelle. Avant qu'elle ne reparte, il demande à Florence de dire au pilote d'attendre pour atterrir que les parachutes et la rançon soient disponibles à l'aéroport. Les conversations entre Cooper et l'hôtesse ont été si discrètes que pas un des passagers ne se doute de ce qui se trame. Ces détournements d'autrefois avaient une certaine classe...
Pirate 2