Ensuite, il expliqua, dans cette ambiance feutrée et secrète, que la tour Eiffel devait être démolie et vendue comme en tant que "ferraille". Son aisance née l'a bien aidé à crédibiliser la situation. Il emmena ensuite les ferrailleurs à la tour pour sonder leur comportement et leur intérêt. C'est une étape très importante : c'était là que tout se jouait. Il est allé directement au guichet avec une carte de ministre hâtivement falsifiée, qui, par un coup de chance inouï, passa sans problème. Il termina en expliquant qu'il attendrait des propositions jusqu'au lendemain. Sachant qu'il avait déjà choisi sa cible à l'hôtel de Crillon : André Poisson, un homme peu sûr de lui qui espérait se faire une place dans le monde des affaires parisien grâce à cet achat. Sa femme était méfiante quant à cette transaction, elle mit ainsi Poisson dans le doute. Pour le persuader, Lustig s'arrangea pour le rencontrer une nouvelle fois. Là, il changea de ton, se mit à faire des confidences et raconta à Poisson qu'il était mal payé et aurait aimé "arrondir" son revenu. Poisson était au courant de la corruption des fonctionnaires de l'État, si bien qu'il comprit immédiatement que Lustig exigeait un dessous de table. Il n'en fallu pas plus pour le convaincre de l'authenticité de la vente.
Dès que l'affaire fut conclue, Lustig et son associé Dan Collins se réfugièrent à Vienne tandis que Poisson comprit l’arnaque. Contre toute attente, les escrocs constatèrent que la presse n'avait pas écrit un mot au sujet de cette escroquerie. Et pour cause, humilié à ce point, Poisson n'a pas osé dénoncer l'escroquerie à la Police.
Un mois plus tard, Lustig revenait une nouvelle fois à Paris pour recommencer exactement le même stratagème. Mais le second acheteur, moins dupe, le dénonça à la Police. Lustig dû s'enfuir en vitesse.
Il est envisageable que Lustig ait été inspiré par l'escroquerie de l'Écossais Arthur Ferguson qui, en 1923, réussit à « vendre » successivement la statue de l'amiral Nelson de Trafalgar Square, le Big Ben, puis Buckingham Palace. La même année de la vente de la tour Eiffel par Lustig, Ferguson réussit à louer la Maison Blanche puis tenta - sans succès - de vendre la statue de la Liberté à un riche australien.
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