Marius Jacob, d’origine alsacienne, était né dans le milieu prolétaire à Marseille. A douze ans il s’engagea
comme mousse et son voyage le mena à Sydney. Il approche le beau monde et les gens de moins bonne
classe, sans que tout cela ne l’intéresse vraiment.
Sa personnalité particulière l’empêchait de commettre des vols et des crimes d’une trop grande cruauté. Il
ne poursuivit pas ses activités de piraterie. Il abandonne définitivement la marine en 1897 et retourne à
Marseille. Il apprend la typographie et mène une vie alternative, fréquentant les milieux anarchistes et
cambrioleurs.
Rose devint sa concubine mais il souffrait de fièvre depuis qu’il avait quitté la marine.
Dans cette fin de siècle, les socialistes parlementaires s’opposaient souvent de manière agressive face aux
anarchistes libertaires du monde ouvrier. Embarqué dans cette confrontation, il fut serré dans une affaire
d’explosifs. Après six mois de prison Marius peine à se réinsérer et il choisit d’agir dans une sorte
d’illégalisme pacifiste et continuer de mener ses actions douteuse et quelques arnaques.
Marius fut arrêté le 31 mars 1899. Les policiers mandatés l’accusèrent du recel d’une montre.
Une
nouvelle fois arrêté à Toulon, il s’évade de sa prison pour se réfugier à Sète. Là - bas il organise sa bande
nommée ” Les Travailleurs de la nuit ” dont le principe est de voler sans tuer. Les principes du groupe
d’escrocs et voleurs ” Les Travailleurs de la nuit” étaient simples, ils ne volaient que les policiers, les
juges, les militaires.
En revanche ce groupe de bandits ne s’attaquait jamais aux professions dites utiles, comme les médecins,
les artistes ou les instituteurs. Un pourcentage de l’argent volé est redistribué à la cause anarchiste et aux
compères dans le besoin.
Ce concept se révéla difficile et ne tenait pas toujours la route. Marius évitait de
travailler avec des anarchistes idéalistes tout comme avec la pègre, en choisissant des personnes
défavorisées comme lui - même l’était et qui pouvaient comprendre ” Les Travailleurs de la nuit “.
Lorsqu’il s’agissait d’arnaques, les ressources étaient sans limites. Non seulement c’est un as du
cambriolage mais du déguisement et de la tromperie tout autant. Il était autrement ingénieux et filou
jusque dans son humour. Il signait le lieu de ses cambriolages et de ses forfaits.
Dans une église à Rouen il
laissa ce mot en guise de signature ; ” Dieu des voleurs recherche les voleurs de ceux qui en ont volés
d’autres ! ” Mais il savait faire preuve d’une grande classe, inattendue dans ce milieu mal famé.
Il était très habile, il commettait ses délits de manière stylée et élégante. Bien que Maurice le Blanc s’en
défende, Marius Jacob était l’un des escrocs dont il s’inspira pour créer le célèbre personnage d’Arsène
Lupin.
Toujours accompagné de complices, il commet près de cinq cent crimes, casses et cambriolages.
Entre
1900 et 1903, il ne cessa de commettre des délits en tous genres. Mais le 20 avril 1903, une opération qui
se déroulait à Abbeville tourna mal. Après avoir tué un agent, Il prend la fuite mais se fait rapidement
capturer par la police, ainsi que ses deux complices qui l’avaient assisté.
Lors de son procès, il s’accapara tout l’auditoire et clame ses idées anarchistes. La tribune restera
interloquée par son sens de la répartie, son idéalisme et son intelligence.
Par la suite il tenta de s’évader
dix sept fois de sa prison, faisant preuve d’une incroyable ingéniosité. Lors de son incarcération il étudiait
le droit pour venir en aide à ses compagnons comme à lui - même. Mais Jacob souffrait et sa santé
déclinait.
Libéré de prison en 1929, il ne reprendra pas ses activités d’escroc et de voleur. Il reconstruisit sa vie et
comme il était très instruit, il s’investit dans la propagande et la rédaction d’articles ayant une relation de
près ou de loin avec ses idées de toujours.
En 1939 il achète une maison à Reuilly et se marie la même année.
Il vieillit entouré de ses amis de
discutions partageant ses idées anarchistes ainsi que bien d’autres points communs. Il rencontra en 1953
un jeune couple d’enseignants. Il se lie avec eux d’une profonde amitié et se confiera plus tard à Josiane, à
propos de son désir d’en finir avec la vie. Marius Jacob ne supportait plus son corps qui le lâchait.
Il s’empoisonna, lui et son vieux chien. En guise de dernier mot il laissera ” Linge lessivé, rincé, séché
mais pas repassé. J’ai la cosse. Excusez. Vous trouverez deux litres de rosé à côté de la paneterie. A votre
santé.