



    

Le même jour, Valéry Giscard d'Estaing présente  au journal télévisé d’Antenne 2 l’exemplaire du rapport en sa possession et  dénonce ceux qui prennent « le risque honteux de l'abaissement de la France ».
    Gilbert  Ruthman, n°2 d’Elf de l’époque, donne le 27 décembre 1983 une conférence de  presse où il s’explique sur les choix de la direction de l’entreprise. Il  déclare notamment « si c'était à refaire, je le referais ». D’autre part, il  confirme que l'utilisation militaire de l’appareil a été envisagée. Le  lendemain, Albin Chalandon qualifie l’affaire de « misérable querelle ».
  Le  Canard enchaîné, à l’occasion d'un autre article sur l’affaire, conclut : «  dans ce milieu, il vaut mieux passer pour un JR [en référence à John Ross  "J.R." Ewing du feuilleton Dallas] que pour un gogo ».
    Plus  tard, le journaliste d’investigation Pierre Péan parvient à se procurer un  exemplaire du rapport de la Cour des comptes.
  Les suites de l’affaire
    Raymond  Barre parle d’« opération basse et indigne » et remet à son successeur Pierre  Mauroy un exemplaire du rapport. Une commission d'enquête parlementaire rend un  rapport de 650 pages qui laisse de nombreuses zones d’ombres. François  Mitterrand intervient pour que son prédécesseur n’ait pas à être entendu par la  commission.
  Les zones d’ombres
  Les intermédiaires
    Les  responsabilités n’ont pas toutes été mises en lumière. Il semble que de  nombreuses personnes au sein d’Elf aient eu connaissance de l’escroquerie et  aient volontairement trompé leur direction. Pierre Péan évoque des  ramifications lointaines de l’affaire. Il révèle notamment que certains  rendez-vous ont eu lieu en territoire suisse, afin de compliquer les  investigations policières et les poursuites judiciaires.
 
L'utilisation des fonds détournés
    Les  crédits ont été versés principalement à Fisalma, une société implantée à Panama  et dont le fondé de pouvoir est Jean Violet. C'est cette société qui profitera  des fonds détournés, et non les deux inventeurs. Or cet individu se trouve lié  à un cercle de conservateurs défendant les valeurs de l’Occident et ayant en  Italie des liens étroits avec des membres de la hiérarchie catholique (comme le  cardinal Marcinkus). La justice italienne a plus tard mis au jour une  organisation qui ressemble plutôt à une entreprise mafieuse. Cette affaire a  fait également scandale.
    Il  semble que les fonds détournés aient servi au financement de cette  organisation. 
    Cependant, le manque de sources sérieuses ne permettent pas à ce  jour de connaître toutes les dimensions de cette vaste escroquerie. 
    Dans son  ouvrage Les Industriels de la fraude fiscale, Jean Cosson, ancien chef  de la section financière du parquet de Paris, devenu conseiller à la Cour de  cassation, démontre qu'il s'agit d'une fausse escroquerie. En effet, selon  l'ouvrage (pp. 146/149), les escrocs n'étaient pas crédibles et la somme aurait  pu être récupérée.
    S'appuyant  sur le rapport parlementaire et sa propre enquête, Jean Cosson conclut que la  décision d'accepter, en toute connaissance de cause, cette fausse escroquerie  et ce vrai détournement, incombe au Premier ministre de l'époque, c'est-à-dire  Jacques Chirac. 
    Il conclut également que les sommes ont servi, au moins en  partie, à constituer une caisse noire électorale pour la droite française (pp.  149/150).
    Retour