L’abbé Saunière est nommé en 1885 à Rennes-le-Château, petit village de l’Aude, en plein pays Cathare. Ses revenus sont fort modestes. Pourtant, quelques années plus tard, il semble brusquement disposer d’une immense fortune.
Quand un curé de campagne se retrouve à la tête d'une fortune colossale sans s'être donné d'autre peine que celle de déchiffrer quelques vieilles inscriptions, on peut flairer l'existence d'un trésor.
Lequel ? Celui des Wisigoths, celui des cathares ou celui du temple de Salomon ?
Près de 200 livres proposent des solutions au mystère du trésor de Rennes-le-château. Aucun n’apporte de preuves formelles pour étayer une hypothèse plus qu’une autre.
Tous les chercheurs de trésor sont repartis bredouilles de Rennes-le-Château. L’abbé Saunière est mort en emportant son secret.
En cette fin du 19e siècle, la terre est dure dans l’Aude. Les habitants sont rares. Entre les coteaux de pierrailles trop sèches et les landes sauvages et sablonneuses, la région est pauvre.
Elle était pourtant très riche.
Autrefois, il y a 2 000 ans, les Celtes Gauls y habitaient. Nahro (Narbonne) était leur capitale.
Les Wisigoths, fondateurs du royaume de Septimanie (actuelle Languedoc-Roussillon), ont pris leur suite, jusqu'aux invasions musulmanes de l'an 700.
Mais, en 1885, les châteaux forts achèvent de s'écrouler au sommet des collines. Devenue partie intégrante du comté de Toulouse en 1050, la région a suivi son seigneur dans le catharisme. Non loin de Rennes-le-Château, l'antique Rhedea des Romains, on aperçoit la silhouette austère de Montségur, le dernier bastion des combattants cathares, tombé en 1244.
Comme tout le reste du pays, Rennes, qui a donné son nom au pays : Rhedesium (le Razès), s'est endormi.
Après avoir été une capitale de plus de 30 000 habitants, la ville a fini par devenir un pauvre hameau, défendu par un vieux château, au confluent de l'Aude et de la Sals.
D’étranges manuscrits
En 1885, à 33 ans, François Béranger Saunière vient d'être nommé curé de la minuscule église de Sainte-Madeleine. D'origine pauvre, l'abbé Saunière est un homme rustique pour qui l'Église constitue une sorte de promotion sociale.L'église Sainte-Madeleine se dresse sur l'emplacement de l'ancien palais fortifié des Wisigoths.
Elle n'est pas en très bon état. En 1892, l'abbé Saunière, qui a, entre-temps, pris la jeune Marie Denarnaud pour gouvernante, veut restaurer le bâtiment. Il vient d'apprendre qu'un de ses prédécesseurs a fait un legs pour assurer l'entretien des lieux.Le premier travail consiste à réparer l'autel. C'est une épaisse dalle de pierre, dont une extrémité est scellée dans le mur de l'église, tandis que l'autre est soutenue par une colonne sculptée par les Wisigoths. En faisant soulever la dalle, l'abbé Saunière a la surprise de découvrir que la colonne est creuse : trois tubes de bois, scellés à la cire, sont dans la cavité.
Ils contiennent quatre manuscrits.
Leur copie est parvenue jusqu'à nous. A première vue, ce ne sont rien d'autre que des transcriptions de passages de l'Évangile, rédigées en latin dans une écriture archaïque et assez étrange.
Le premier de ces manuscrits (Jean, XII, 1-12) décrit la visite du Christ à la maison de Lazare, à Béthanie. Le deuxième raconte l'histoire des disciples qui égrènent les épis de blé, le jour du sabbat : cette version est élaborée à partir de celle de Matthieu (XII, 1-8), de Marc (II, 23-28) et de Luc (VI, 1-5).Cependant, ces manuscrits font apparaître un certain nombre de détails inattendus : les monogrammes respectent des compositions différentes.
Des lettres ont été ajoutées au texte. Certaines sont remplacées par des points. D'autres ont été déplacées... L'ensemble compose une énigme dont la clé est accessible aux seuls cryptographes. Au début de 1893, l'abbé Saunière obtient une bourse de l’évêché pour monter à Paris et faire déchiffrer les manuscrits.
Ils passent par plusieurs mains dont celles d’Émile Hoffet, qui allait devenir une autorité en matière de vieux manuscrits et d'ésotérisme.
L’étrange comportement de l’abbé Saunière.
En trois semaines, le curé de Rennes-le-Château passe le plus clair de son temps au Louvre. Il y achète trois reproductions de tableaux, apparemment sans lien : Les Bergers d'Arcadie, de Nicolas Poussin, le Portrait de saint Antoine, de David Teniers, et le Portrait du pape Célestin V, d'un artiste inconnu.
De retour à Rennes, le jeune curé reprend son travail de restauration. Avec quelques jeunes gens du village, il entreprend de soulever une autre dalle, face à l'autel. La face cachée se révèle sculptée, dans un style archaïque daté du VIe ou du VIIe siècle.
On peut y voir deux scènes, qui se déroulent toutes deux dans un lieu voûté ou dans une crypte. A gauche, un chevalier sur sa monture sonne du cor de chasse, tandis que son cheval abaisse le col pour s'abreuver dans une fontaine. A droite, un autre chevalier brandit un bâton de pèlerin et porte un enfant sur son arçon.
Usée et cassée, la pierre laisse difficilement deviner les sujets.Une fois la pierre levée, l'abbé Saunière demande aux jeunes gens de creuser sur plusieurs mètres.
Le trésor de Rennes le chateau 2