L'histoire des machines à sous commence en 1891, avec l’invention par Sittman et Pitt d’une machine de jeu basée sur le Poker. Cette machine présentait 5 tambours qui affichaient chacun 50 cartes. L'idée était qu’en faisant tourner les tambours, une main complète de poker pouvait être affichée sur la machine. Cette toute première machine à sous n'avait pas de système de paiement direct. Le coût du jeu était d’un nickel (une pièce de 5 cents) et les récompenses versées par le bar étaient des bières gratuites ou des cigares gratuits. Puis la suppression de deux cartes dans le deck visait à améliorer les chances en faveur des bars. Il était également possible de réarranger les tambours pour diminuer les chances du joueur.
La première machine à sous à levier a été inventée à San Francisco en 1887 par Charles Fey : il a développé un mécanisme automatique beaucoup plus simple pour les machines à sous. Du fait du grand nombre de combinaisons gagnantes possibles dans le jeu initial basé sur le Poker, il était presque impossible de concevoir une machine à sous capable de payer automatiquement toutes les combinaisons gagnantes. Charles a créé une machine avec les trois rouleaux contenant cinq symboles différents : fer à cheval, diamant, pique, cœur et une « Liberty Bell », une Cloche de la Liberté, qui a d’ailleurs donné son nom à la machine.
En remplaçant dix cartes par cinq symboles et en utilisant trois rouleaux au lieu de cinq tambours, le nombre de combinaisons gagnantes a été diminué. Fey a ainsi été capable de créer le premier mécanisme efficace de paiement automatique appliqué aux machines à sous. Trois cloches en ligne donnaient le plus gros gain : dix nickels. « Liberty Bell » a été un succès énorme et a donné naissance à une industrie du jeu mécanique florissante. Malgré l’interdiction de ces jeux d’argent en Californie au bout de quelques années, Fey n'a pas réussi à satisfaire la demande mondiale croissante pour ces machines à sous.
L'ouvrage « La Manie des Machines à sous », cite un article publié dans la chronique de San Francisco du 15 avril 1887 : celui-ci rapporte qu’un groupe de propriétaires de saloons et de restaurants s'était rassemblé pour assister à une démonstration faite par Fey de sa nouvelle machine à sous « Liberty Bell ». La machine a été activée quand un joueur a inséré une pièce dans une fente puis a tiré sur le manche pour lancer la rotation des roues. A l’étonnement des spectateurs a succédé l’enthousiasme et ils ont tous prédit le succès de cette machine. Cent ans plus tard, cette prédiction est bien en dessous de la réalité, étant donné le succès des machines à sous.
Au cours des cinq années qui suivirent, Charles Fey développa la première version de la « Liberty Bell » appelée également la « 4-11-44 », qui tire son nom de la plus forte combinaison gagnante, d’une valeur de cinq dollars. Après cet immense succès, Fey fit évoluer son petit commerce vers une production plus massive et dans les années qui suivirent il développa encore une nouvelle machine, la « Card Bell » et s’attela à son amélioration un an plus tard en 1899. Cette dernière innovation dans les machines à sous, avait un symbole modifié (Étoile) et une récompense maximale de vingt dimes ou jetons, obtenue grâce à une combinaison de trois cloches.
La première machine à sous que Fey développa était différente de toutes celles que l’on rencontre aujourd'hui. Elle pesait plus de 45kg de fonte et ne proposait pas les symboles « fruits » que l’on associe fréquemment aux machines à sous. A la place, on trouvait des étoiles, des fers à cheval et des symboles de cartes à jouer, comme des diamants et des piques. « Liberty Bell » rapportait cinquante cents au vainqueur, ce qui était substantiel pour l’époque. Le Saloon « Liberty Bell » à Reno possède encore la toute première machine « Liberty Bell » conçue par Fey. L'établissement appartient à ses petits-enfants qui préservent ainsi l'héritage de Fey et la mémoire de l'évolution des machines à sous.
Fey n’a pas eu beaucoup de concurrence et a bénéficié en outre dans son domaine d’une législation favorable qui lui a permis de dominer le marché des machines à sous. Cependant, un grand nombre d’entreprises, incluant « Monarch » et « Kalamazoo » avaient également développé des machines à sous. Il y a beaucoup de théories différentes concernant ce qui s'est réellement passé à cette époque, mais il était de notoriété publique que Charles Fey a toujours refusé de vendre ou de prêter sa révolutionnaire « Liberty Bell ». La petite histoire raconte qu’en 1905, des voleurs ont cambriolé un bar à San Francisco et n’ont volé que la machine à sous « Liberty Bell ». A peine un an plus tard, Herbert Stephen Mills, qui avait hérité quelques années auparavant de son père Mortimer Mills, de la « Mills Novelty Company », a développé une nouvelle version de la « Liberty Bell » qu’il a appelé la « Mills Liberty Bell ». Malgré le monopole de Fey, la « Mills Liberty Bell » a fait une belle percée sur le marché. A l’époque, Mills employait de nombreux ouvriers pour la construction de machines à sous et malgré le fait qu'il ait copié le concept original de Charles, il sera reconnu plus tard comme le « Henry Ford des machines à sous ».
Machines à sous 2